Zéphyr, au rendez-vous de Nadège Quinssac 🌬️

Alors que le vent d’hiver, la bise ou l’aquilon, tend à laisser peu à peu sa place à une douce brise tiède avec les rayons du soleil qui luttent pour s’imposer de plus en plus, il est de circonstance de sortir au Jardin à la rencontre de Zéphyr et de son rituel chez Kala Beauté Créatrice.
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Mais qui est Zéphyr que l’on voit sous les traits d’un jeune homme ailé, le front couronné de violettes odorantes, aux effluves capiteux et sucrés, mêlées à de tendres primevères, annonciatrices du printemps ?
Il ne fut pas toujours considéré comme un vent agréable. En effet, dans l’Iliade, Homère le qualifie de vent froid et pluvieux, mais plus tard, il désigne un vent doux et humide, une brise tiède qui amène la fonte des neiges, donc qui annonce le retour des beaux jours. Zéphyr est le vent d’Ouest, né de l’union d’Astréos, le Titan des étoiles, et d’Eos, l’Aurore aux doigts de rose. Avec ses sept frères, les autres vents, ils combattront contre Zeus qui voulait détrôner son père Cronos, Zeus enferma les vents dans une urne et ne les libéra que plus tard après avoir nommé le dieu Eole comme le maître des vents.
Les vents, [anémoi] en grec, se répartissent le monde sous le contrôle d’Eole : au Nord, Borée souffle le froid quand Notos survole le Sud, Euros règne sur l’Est et Zéphyr sur l’Ouest. Ils ont quatre autres frères considérés comme des vents mineurs. Ils s’associent souvent à un frère pour former un puissant duo : ainsi, Zéphyr s’associe au glacial Borée, le premier offrant des vents doux comme les zéphyrs et le second provoquant les aquilons, courants d’air froid et violents, leur union peut déclencher des tempêtes et des orages dévastateurs.
On dit que Zéphyr s’est adouci au contact de Chloris, la divine nymphe verdoyante, appelée Flora chez les Romains.
Subjugué par sa beauté, il emporte la belle Chloris avec lui et la demande en mariage. Elle accepte et comme cadeaux, il lui insuffle l’immortalité et lui offre un merveilleux jardin en la faisant devenir Reine des Fleurs, avec le pouvoir de faire éclore toutes les fleurs du Printemps. Ainsi, Chloris, messagère du Printemps, devient la Déesse de cette saison et des fleurs.

Dans une belle complémentarité amoureuse, Chloris fait éclore les fleurs dont Zéphyr a dispersé les graines par son souffle.
L’étymologie grecque de Zéphyr porte en germes la vie. Il est donc naturel que des fleurs printanières ornent son front et qu’il tienne dans ses mains une corbeille remplie de fleurs aux couleurs éclatantes.
Ce souffle des vents tièdes et agréables, propice aux navigations, est appelé en latin « Favonius », celui qui favorise. Les marins de l’Antiquité, pour s’attirer les bonnes faveurs de ce vent, lui sacrifiaient, avant le départ, une brebis blanche. On disait que les Auras étaient les filles de Zéphyr.
Mais Zéphyr ne fut pas amoureux d’une seule personne dans sa vie.
Dans sa jeunesse, il tomba amoureux du même jeune éphèbe qu’Apollon : le beau Hyacinthos qui fit l’objet d’une terrible concurrence entre les divinités. Apollon fut choisi par le doux Hyacinthos ; alors, furieux de jalousie, Zéphyr, dans un accès de colère, dévia son souffle alors qu’Apollon lançait le disque en direction de son jeune amant et le disque, dans sa nouvelle trajectoire, vint heurter la tête du jeune homme. Des gouttes de sang teignirent l’herbe et, d’elles, naquirent les jacinthes, dont l’étymologie est inscrite dans le prénom grec Hyacinthos.
Pour se consoler de cette tragédie dont il fut le propre auteur, il se retira dans la demeure de son frère Borée, où il goûta à l’amour de la messagère des dieux, Iris, incarnant de son écharpe irisée, l’arc-en-ciel chez les Anciens. Il commença alors à s’adoucir aux côtés de la tendre Iris et on raconte même qu’il transporta la déesse de l’amour, Aphrodite, nouvellement née, jusqu’à l’île de Chypre, en l’accompagnant de son doux souffle protecteur.
Avec Chloris, Zéphyr eut pour fils Carpos, qui règne sur les fruits gorgés de sucre en été.
L’auteur Nonnos raconte l’amour fou de Carpos pour Calamos. Mais un jour, Carpos se noya et Calamos se laissa mourir de chagrin, il fut changé en calame, le roseau taillé en biseau qui servait à écrire sur des tablettes d’argile comme de cire.
Après s’être montré dans toute sa vulnérabilité comme dans sa force, honorons Zéphyr par les mots poétiques d’Emma de Kala Beauté Créatrice :

« Souffle de l’Ouest,
Murmure entre Ciel et Terre,
De mes ailes vient la direction des rivières,
Vent céleste,
Air,
Je fais danser l’Univers. »
Zéphyr ne nous parlera pas du Bain de Vapeur Visage de la Florissante et Joyeuse Muse, Thalie, qui préside aux comédies, mais aussi à la croissance des arbres, car, lors de notre première visite au Jardin des Nymphes, nous avions fait la connaissance de Thalie et des plantes qu’elle avait soigneusement choisies pour ce délicieux Bain de Visage : Acacia, aux effluves miellés, qui fleurent bon le printemps, le Bleuet Centaure, Romarin et Thym, un puissant tandem aromatique.
De même, Zéphyr nous enseigne qu’il a utilisé la Reine-des-prés dans la Tisane Bien-Etre, plante que nous avions eu l’occasion de rencontrer lors du Rituel d’Hécate en janvier dernier. Tout comme le Frêne dans le Bain de Corps.
Zéphyr va plutôt nous transmettre ce qu’il sait sur la Verveine contenue dans la Tisane et le Bain de Corps, sur l’Aubépine des jours ensoleillés de la belle saison, mais aussi sur la mystique Lavande et il nous parlera également du lumineux Millepertuis sans oublier la dédicace à l’Argile que le calame caresse lorsqu’il y dépose quelques mots…
Zéphyr nous présente, le Hypericum, le Millepertuis aux fleurs jaunes comme le soleil, en nous indiquant que son étymologie vient du préfixe « hyper » : au-dessus, et du radical « eikos » : ce que l’on se représente, il serait donc « au-dessus de ce que l’on peut imaginer » compte tenu de ses vertus nombreuses que déjà les médecins et naturalistes de l’Antiquité, Dioscoride et Pline l’Ancien, avaient écrit dans leurs ouvrages : la panacée, disaient-ils, contre les troubles somatiques comme psychiques.
Le Millepertuis, en effet, possède des qualités pour traiter les troubles digestifs comme l’anxiété nerveuse. En effet, une autre proposition étymologique ferait de l’Hypericum, la Fleur du Titan Hypérion, le « Supérieur », père du dieu solaire primitif Hélios.
Nous nous dirigeons à présent sous la houlette de Zéphyr dans l’espace où la Verveine se déploie, nous annonçant le printemps, par son parfum vert et citronné…
La Verveine est une herbe aromatique magique depuis les temps les plus reculés : elle est appelée « l’herbe de tous les maux », « l’herbe sacrée », « l’herbe aux sorciers », mais aussi « l’herbe de Vénus ».
Les Anciens de l’Antiquité la voyaient comme une des plus puissantes plantes dans le domaine de la magie.
Ils s'en servaient pour balayer les autels de Jupiter, et pour frapper "les textes de lois, ainsi que les contrats, pour bien les laver et les purifier en quelque sorte de la marque temporelle des hommes, et pour montrer que les dieux veillaient aussi à leur bonne application".
Les Druides, après l'avoir récoltée selon un rituel mystérieux, en lavaient avec son infusion leurs autels avant les sacrifices.
Chez les Germains, les prêtresses s'en couronnaient la tête avant de prédire l'avenir, et recouraient à la divination par la verveine (entrant dans la pratique de la botanomancie).
Les Romains s'en offraient des bouquets au seuil de la nouvelle année pour porter bonheur, ils arrosaient les salles de banquet d'eau dans laquelle trempait de la verveine pour égayer l'assemblée.
Un pouvoir magique et instantané donc…
La Verveine, fraîche et pétillante, est aussi une « plante de l’amour », dédiée à Vénus, la Verveine passait pour ranimer la flamme et les Magiciennes-Sorcières de l’Antiquité ; les Pharmakeutriai (puisque c’est le même mot en grec) étaient souvent appelées pour raviver l’amour ou, pour maudire celui ou celle qui n’avait pas été fidèle, par leurs incantations, souvent épaulées par la déesse Hécate.
Une symbolique donc autour de la Verveine liée à la purification, à la protection, à la guérison, à la paix. Ses vertus digestives, antispasmodiques, tonifiantes, diurétiques et anti-inflammatoires en font une alliée sûre autant pour la Tisane Bien-Etre que pour le Bain de Corps Relaxant du Rituel de Zéphyr.
Associée à l’Aubépine qui est un végétal favori chez les Grecs et les Romains pour favoriser les cultes de divinités symbolisant la fertilité, l’union, le mariage.
En effet, dès l’Antiquité, l'Aubépine, « alba spina » en latin, signifiant l’épine blanche, et dont le nom générique grec se traduit par « force et vigueur », est reliée à la confection dans son bois d’arcs, de couteaux, et donc à une forme de solidité pérenne.
La mystérieuse Aubépine est associée dans l’Antiquité à la protection contre le mauvais sort.
En Grèce, la porte de la chambre nuptiale était ornée d’une branche d’aubépine, en guise de porte-bonheur et chaque convive en apportait une branche pour l’offrir aux futurs mariés.
Les Romains gardent cette tradition car le marié agitait un rameau d’aubépine en conduisant la mariée vers la chambre conjugale.
En Irlande, l’Aubépine est tressée en guirlande pour orner les maisons lors de la fête de Beltane, on dit que c’est le refuge des Fées.
Ses fleurs, feuilles, fruits et bourgeons régulent le rythme cardiaque et sont de parfaits alliés pour renforcer le muscle du cœur, en osmose avec son étymologie grecque de « force et de vigueur ». Les vertus de l’Aubépine concernent l’hypertension et la nervosité tout comme les insomnies. De quoi nous relaxer dans un cocon de bien-être et de douceur protectrice.
Et c’est ainsi que nous glissons vers les allées de Lavande, de son étymologie « lavare », « se laver », qui, dans l’Antiquité, était une plante jugée précieuse, coronale et mystique, avec son aspect purifiant, odorant et aux vertus apaisantes que déjà Théophraste, dans son Histoire des Plantes, souligne comme plante du bien-être.
Les Anciens glissaient quelques brins de lavande pour détourner le mauvais œil autant que pour parfumer leur linge.
Dans les thermes antiques, on confectionnait déjà de l’huile de lavande pour les massages apportant détente et sérénité.
La parfumerie antique composera avec la myrrhe et la lavande un précieux « nard » odorant, des plus réputés.
Cette plante mystique est une associée d’Hécate et d’Hestia, autant pour les rituels de magie afin de rappeler à soi un amour perdu que pour cultiver un climat de sérénité dans le foyer. On lui prêtait des vertus apaisantes qu’elle possède toujours en cas d’anxiété, de migraines, et de nervosité accrue. On en plaçait souvent dans la chambre des futures mamans.
Vient le tour de l’argile qui fait partie du Rituel de Zéphyr comme un joli clin d’œil que fait le Vent d’Ouest à Calamos, tendrement aimé par Carpos, et en effet, l’argile a différents usages depuis la nuit des temps, à commencer par le matériau-creuset de toute création de vie.
C’est ainsi que dans la mythologie antique, on façonne des êtres d’argile, les pieds du Colosse de Rhodes sont modelés dans cette matière originelle, Artémis elle-même, pour échapper aux ardeurs du dieu-fleuve Alphée, s’enduit avec ses Prêtresses d’argile blanche afin qu’Alphée ne la distingue pas des autres nymphes.
Cette « boue de fleuve » est connue des Égyptiens pour entrer dans la momification en raison de ses qualités antiseptiques et purifiantes.
Les Anciens, en Grèce comme à Rome, utilisent avidement ce matériau pour réaliser des poteries, des tablettes d’écriture, des briques pour la construction, et l’argile fait partie intégrante de leur pharmacopée.
Et aujourd’hui, redécouvrons l’argile dans tous ses usages thérapeutiques, autant en cataplasmes qu’en boissons afin de s’en faire un remède naturel que les Anciens préconisaient comme un matériau-cadeau offert par la Terre-Mère en personne.
C’est ainsi que nous achevons notre promenade relaxante et aromatique en compagnie du souffle tiède de Zéphyr. Nous nous promettons comme un joli rendez-vous avec nous-même de nous offrir ce Rituel au seuil du printemps afin d’y entrer en douceur, en sérénité et en zénitude pour éclore au soleil revenu comme une fleur précieuse dans le Jardin de Chloris…
Nous nous quittons avec un extrait de la Deuxième Géorgique du poète latin, Virgile, ode au doux vent d’Ouest et hymne au printemps qui revient… :
« Le Dieu de l’Air, Zéphyr, descend amoureusement dans le sein de la Terre,
Lui verse ses trésors, lui darde tous ses feux,
Il remplit ce vaste corps de son âme puissante,
Le monde se ranime, et la Nature enfante.
L’oiseau reprend sa voix ; les Zéphyrs, de retour, attiédissent les airs,
Un suc heureux nourrit l’herbe tendre des plaines,
Aux rayons doux encor du soleil printanier ;
Le gazon, sans péril, ose se confier,
Et la vigne laisse échapper ses fleurs et sortir son feuillage. »
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